Écrit en novembre 2003, mon Concerto pour violoncelle marque un véritable tournant dans mon parcours, tant il représente une véritable charnière entre mon travail passé sur la juxtaposition (déjà très évident dans des œuvres comme Turbulences ou Art d'écho composées respectivement en 1998 et 1999) et mes recherches, plus actuelles, sur la notion de continuité. Ce concerto donne l'impression de ne pas commencer, ou plutôt, de commencer à plusieurs reprises, tant j'ai mis l'accent sur des développements interrompus. En effet, durant le premier tiers, j'énonce plusieurs idées qui donnent lieu à des sections relativement frustrantes pour l'écoute, car beaucoup plus courtes que ce que l'on pourrait attendre. Afin de sortir de cette logique rhapsodique, j'introduis alors dans le discours plusieurs idées qui créent alors un sentiment de continuité : processus linéaires, développements sont alors présents, l'œuvre s'achevant sur un rappel furtif de la cadence initiale.
L'idée première de ce concerto était de créer une phrase quasi-ininterrompue au violoncelle solo (sauf dans la première section), à partir de laquelle se déploierait un discours ornemental confié à l'orchestre. C'est donc dans un esprit de fantaisie improvisée que j'ai placé ma réflexion sur l'écriture. Tant sur ce plan que sur celui de la formation orchestrale, c'est à Schumann que j'ai voulu rendre hommage dans cette œuvre dédiée à son inspirateur, Jean-Guihen Queyras.
Bruno Mantovani.