Le début du scénario du film Kärlek utan älskare (Un amour sans amoureux), qu'Ingmar Bergman n'a jamais réalisé, contient la description d'un plan court d'un cours d'eau transparent (Ett strömmande genomlyst vatten). Bergman a écrit ce film complexe en 1978 alors qu'il s'était volontairement exilé à Munich, mais il ne pût jamais réunir les fonds pour le réaliser. En effet, tous les producteurs refusèrent de le financer. « L'absence de manuscrit » et différents « fragments de films » sont les principaux thèmes abordés dans ce texte. Bergman parle de son souhait de « réaliser un film constitué de fragments, sans scénario ». Pour moi, la question essentielle soulevée ici, est comment être clair à propos du matériau alors que vous ne savez même pas ce qu'il est ? Comment une courte scène ou un fragment peut être, et rester, net ou bien s'avérer superflu ? Quand les images (ou le son) changent de manière perceptible et se transforment en quelque chose d'autre ? Les mots pour décrire cela pourraient, bien sûr, être des termes musicologiques, mais les questions essentielles resteraient les mêmes, que vous soyez réalisateur, écrivain ou compositeur.
Johan Tallgren, programme du concert du Cursus de Composition Ircam 2001.