Michael Obst (1955)

Fresko (1991)

for five instruments

  • General information
    • Composition date: 1991
    • Duration: 20 mn
    • Publisher: Breitkopf & Härtel
    • Commission: Radio France pour le Festival Présences 92
Detailed formation
  • clarinet, trombone, piano, harp, cello

Premiere information

  • Date: 28 January 1992
    Location:

    France, Paris, Radio France


    Performers:

    les solistes de l'Ensemble intercontemporain.

Table of contents

  • Portrait ;
  • « Gegensätze » (Contrastes) ;
  • …vert-magenta… ;
  • « Bewegung » (Mouvement) ;
  • Gris-jaune avec du blanc ;
  • « Schatten » (Ombres).

Program note

Fresko est un hommage à Scriabine, « selon le point de vue d'un compositeur de ce XXe siècle finissant ». Comme l'écrivait Michael Obst pour la création de la pièce : « Depuis des années, je joue en tant que pianiste les œuvres tardives d'Alexandre Scriabine. J'ai toujours été fasciné par son harmonie particulière, sa gestique musicale et par la structure de sa pensée compositionnelle. »

Et sans doute le premier mouvement de Fresko — intitulé Portrait — renvoie-t-il, de par l'accord qui se dégage de l'aura chromatique du si initial, aux harmonies chères au compositeur russe ; les hauteurs qui le composent — , sol dièze, si, fa, do dièze — créent un timbre qui n'est pas sans évoquer celui du célèbre « accord mystique » de Prométhée.

Les Contrastes (Gegensätze) du deuxième mouvement interrompent vivement le caractère plutôt contemplatif du Portrait initial. Deux gestuelles antagonistes — des répétitions tendant à l'ostinato, des arabesques sinueuses et ouvragées — y sont permutées et comme redistribuées entre les cinq instruments. Les deux principes opposés de ce kaléidoscope sonore seront conciliés dans le moto perpetuo qui, instauré par un long solo de harpe et amplifié par le piano, envahit peu à peu la texture du quatrième volet de la pièce : Mouvement (Bewegung).

Les troisième et cinquième pans de la fresque de Michael Obst prolongent et précisent le sens du paradigme pictural ouvert par le titre : tous deux — …vert-magenta… et Gris-jaune avec du blanc — se réfèrent explicitement à ces correspondances, à ces synesthésies, à ces visions colorées que Scriabine, aspirant à l'« œuvre d'art totale » (Gesamtkunstwerk), associait à sa musique.

Enfin, le dernier mouvement — Ombres (Schatten) —, revient à l'aura du premier si de la pièce, dont les résonances sont maintenant étouffées au piano par une cale de caoutchouc ou de feutre. Les ombres de l'accord initial sont portées par des relais de timbre au sein d'une athmosphère crépusculaire, dans une dissolution colorée propre à la technique de la fresque.

Peter Szendy.