Les Vingt Regards sur l'Enfant Jésus sont le second des grands cycles pianistiques d'Olivier Messiaen, et un des sommets de toute son œuvre. Ils se rattachent directement au courant essentiel de sa spiritualité, qui trouve sa source dans la foi du compositeur.
Dans le Regard de l'Onction Terrible, la 18e pièce du recueil, Messiaen se réfère au Psaume 45 et s'inspire d'une tapisserie représentant une scène de l'Apocalypse, où l'on voit le Christ à cheval brandissant une épée au milieu des éclairs. Ce Regard, placé en un point stratégique du cahier (si l'on songe qu'il contient deux fois le chiffre 31), utilise un des thèmes essentiels des Vingt Regards, le thème d'accords, que Messiaen décrit lui-même ainsi :
« C'est un complexe de sons destinés à de perpétuelles variations, préexistant dans l'abstrait comme une série, mais bien concret et très aisément reconnaissable par ses couleurs : un gris bleu d'acier traversé de rouge et d'orange vif, un violet mauve taché de brun cuir et cerclé de pourpre violacée. »
Synonyme de déstructuration par le vide, de mort même, l'intervalle de quinte creuse revient beaucoup dans la pièce. Interrompant parfois des séquences de piétinement terrible (« staccato, martelé »), des fusées de triples croches ascendantes puis descendantes figurent la foudre. De caractère assez puissante dans son hiératisme, l'œuvre s'achève dans un grand crescendo.