Ecrit pour huit instruments, The Watery Star est empreint de poétique minimaliste. Le titre emprunté à Shakespeare et mentionné dans le Dürer de Panofsky exprime une certaine mélancolie dont je me suis proposé de trouver des équivalents stylistiques dans la couleur, la texture et surtout l'espace, un espace suspendu et flottant, traversé par le mouvement incessant de sonorités expansives.
Minimaliste, la démarche l'est principalement dans son refus d'une conception formaliste ou artificialiste des opérations de l'art. Dénuement et plénitude, transparence, relief et profondeur, tels sont les types de tensions qui animent l'osmose antagoniste des champs colorés chauds et froids.
Minimaliste, le procédé musical l'est aussi, à l'instar des peintures noires de Frank Stella, des arrangements essentiels de Donald Judd ou des complexes dématérialisés de Larry Bell, dans l'économie des moyens et la recherche de points critiques.
Cette œuvre de musique de chambre retrouve la problématique de l'art présent qui, sous des formes diverses, manifeste à la fois un effroi primordial et une exaltation élémentaire. Le symbolisme explicite de l'astre liquide s'inscrit ainsi dans le symbolisme implicite de la facture musicale : harmonie, timbre, agogique disparaissent dans un jeu de perspectives, dans un fond omniprésent, diffus et insaisissable, partagé entre le vide et l'unité plénière.