Écouter, réagir, imaginer, transmettre ; Steine (« Pierres ») applique des techniques de jeu d’ordinaire utilisées par six à huit musiciens au maximum, mais non par vingt-deux ! Les contacts acoustiques se trouvent compliqués par la multiplication des musiciens, d’où la nécessité d’un chef d’orchestre pour coordonner l’ensemble.
Steine a été composé dans une visée pédagogique, afin d’exercer et d’aiguiser l’ouïe des musiciens, et de perfectionner leur capacité de réaction, dans un contexte polyphonique,au sein de divers ensembles instrumentaux. Le chef d’orchestre s’avère aussi interprète.
C’est en 1985, à l’occasion du soixantième anniversaire de Pierre Boulez, que me vint l’idée de cette pièce en trois parties, parmi d’autres compositions illustrant le thème « Composer et diriger ».
D’où les allusions codées à l’œuvre de Boulez : de l’accord de douze tons extrait de Don, aux cinq sons initiaux : Pi (π = 3,14 kHz) – E (mi) – R (mi bémol) – RE (ré) – B[oulez] (si bémol). De courtes citations passées au crible de l’accord de Don. Des entrechoquements isolés de pierres divisent le silence.
Peter Eötvös.