La première version de cette pièce a été créée en 1998 à l’occasion du cinquantenaire de la musique concrète. Elle a été par la suite augmentée, et donnée dans sa version définitive, à la Maison de Radio France en juin 2000. Le point de départ est donc un hommage à la musique concrète — qui sait si bien jouer avec le son comme avec une balle, ou avec des mots. L’une de ses inventions est celle de la boucle, solitaire et lancinante, ou démultipliée : évolutives, entrelacées ou inversées… Mais au-delà des boucles, tous les jeux sont permis avec les sons, fixés ou non sur un support. On retrouve dans cette pièce des sons de train (merveilleuse boucle naturelle qui peut nous entraîner sur des kilomètres, loin de nos idées peut être ; et signature de la musique concrète…), des insectes, dont les stridences “bouclées” elles aussi évoluent selon leur comportement, et qui finalement se résolvent en voix humaines à travers de lentes métamorphoses qui, elles-mêmes, vont se liquéfier et s’émanciper comme des bulles en liberté… qui vont à leur tour… Alors, comme l’écrit le compositeur : « Sont-ce les sons ou “je” qui mène le jeu pour tout oublier ? ».
Régis Renouard Larivière.