La pièce développe divers contrastes, qui sont en partie déjà contenus dans le matériau d'origine, ou qui se créent au cours du déroulement de l'œuvre. Dans le premier cas, la signification « oscillatoire » du son même est, d'une part, le produit concret de sa production mécanique, d'autre part, le signal des possibilités d'exécution courantes, ou peut être en partie conditionnée par le lieu réel. L'amplification électrique peut les surmonter ou les bloquer, les ébranler en quelque sorte. La fonction mouvante du rythme est, ici, armature rigide du temps, ou là, produit imprévisible et imprécis. Il est piloté par les moyens utilisés, caractéristiques de la vie intérieure des processus instrumentaux. On perçoit directement ce principe de l'oscillation, d'une part au matériau concret, peu contrôlable, des tôles, d'autre part au medium de pilotage qu'est l'appareil de l'amplification électrique.
La pièce essaie de maintenir la balance ou de faire osciller l'écoute entre des catégories différentes, à travers des structures précises et formulées « ad hoc ». Celles-ci visent à s'abolir, à se renvoyer vers le paysage de l'imprécis et des valeurs intermédiaires qu'elles provoquent, telles qu'elles découlent au « verso » du modèle : cela devient surtout évident quand la structure se fige en points d'orgue, en tournures d'ostinato ou dans le « laissez-vibrer » de papier d'emballage froissé.
Helmut Lachenmann, programme du festival Musica 96.