Cette pièce est constituée d'une texture sonore ample et calme, perturbée six fois par un bref refrain. Ce dernier contient à chaque fois des glissandi et des clusters, des trilles, des basses (au piano) et de courts fragments de mélodie, autant d'éléments qui n'apparaissent pas dans les autres passages de la forme générale. Les musiciens choisissant eux-mêmes les endroits où un refrain est joué, ces endroits peuvent donc varier d'une exécution à l'autre. Le choix de ces endroits influence la forme du refrain lui-même, qui dépend du contexte immédiat : trilles, glissandi et mélodies sont en effet réalisés avec des sons de l'accord qui précède ou qui suit, tels qu'ils sont établis dans le texte d'origine. Inversement, après avoir résonné, chaque refrain détermine toujours une modification du développement formel qui lui succède : du fait de l'ajout d'instruments de percussion qui en transforment la couleur, les sons du piano, du célesta et du vibraphone changent de caractère dans une proportion croissante ou décroissante selon les endroits choisis pour jouer le refrain. Des claquements de langue et des phonèmes sont de plus combinés aux attaques instrumentales. Des perturbations imprévues parviennent ainsi à incruster dans un état statique un processus formel dynamique de manière que chaque système influe sur l'autre et le marque de son empreinte sans produire de conflit. Les refrains sont imprimés sur une bande transparente qui, tournant autour d'un axe, se superpose à différents endroits de la partition imprimée sur papier.
Karlheinz Stockhausen.