S'inscrivant directement dans le sillage de la « composition de rythme conceptionnelle » que Nicolaus A. Huber développe depuis 1976, presente constitue, selon les mots du compositeur, « une composition rythmique pour trombone ». Il ne s'agit pas d'une étude de rythme à proprement parler, mais bien plutôt d'une réflexion fondée sur les archétypes rythmiques propres à la littérature pour cuivre, et en particulier sur ce qui relève de l'esthétique de la fanfare : ainsi du si bémol répété, indiqué sur la partition « quasi fanfare », qui ouvre l'œuvre sur un rythme simple, rappelant tout aussi bien le début de la « Marche Nuptiale » du Songe d'une Nuit d'été de Mendelssohn, que celui de la Cinquième Symphonie de Mahler.
« Je suis absolument persuadé d'avoir un penchant particulier pour ce qui est élémentaire. Cela peut être une gamme, ou une simple note qui se fait insistante. » (N.A. Huber). De fait, le travail du compositeur concerne moins les figures rythmiques qui conservent un caractère primaire, que les articulations, les attaques, les nuances, et les modes de jeu (harmoniques, sourdines, glissandi, jeu de la coulisse, chant dans l'embouchure, etc.).
Presente se compose de quatre parties, chacune organisée comme l'exploration d'un « lieu commun » : « fanfare », « fioritures de jazz », « mélodie » dont la combinatoire s'oppose aux notes répétées de la fanfare ; enfin, de ces « lieux communs » surgit le « Moorsoldatenlied », lied des soldats du marais, chant antifasciste composé en 1933 dans le camp de concentration de Börgermoor, qui laisse éclater dans cette dernière partie la fibre politique de l'ancien élève de Luigi Nono. Jouée dans la direction des quatre points cardinaux, la note finale du lied renoue, après ce climax intense et lyrique, avec les notions de pulsation et de répétition qui ont irrigué l'œuvre d'un bout à l'autre.