Il y a dans Périodes trois types d'instants (dynamique/tension croissante, dynamique/détente progressive et statique/périodicité) analogues à la respiration humaine : inspiration, expiration, repos. La périodicité est vécue ici comme une véritable pesanteur, un pôle où l'absence d'une nouvelle énergie nous oblige à tourner littéralement en rond, avant que ne soit détectée une anomalie, germe d'une évolution nouvelle, occasion d'un nouveau décollage. Les périodicités ne sont cependant pas ici semblables à celles que pourrait fournir un synthétiseur. Je les appelle « floues », comme notre cœur, comme notre marche, jamais rigoureusement périodiques, mais avec cette marge de fluctuations qui en fait tout l'intérêt.
Périodes est une partition intime, où le quatuor à cordes joue un rôle essentiel et délicat. On remarquera en particulier :
- la première « inspiration », pendant laquelle les instruments enveloppent le ré de l'alto dans le spectre d'harmoniques, puis se distancient peu à peu, dans des complexes de sons de plus en plus éloignés du spectre initial ;
- la deuxième « inspiration », essentiellement rythmique (passage du périodique à l'apériodique) et procédant du battement du cœur ;
- le passage utilisant une technique particulière des cordes, leur permettant de passer progressivement d'un complexe harmonique très différencié à une coloration extrêmement simple du fondamental.
Quant aux structures temporelles, elles sont entièrement déduites du spectre d'harmoniques impaires utilisées dans cette pièce.
Gérard Grisey.