La rencontre, dans la salle de bal du Palazzo Canossa, à Vérone, avec les fragments d’une immense fresque de Tiepolo, jamais restaurée depuis les bombardements de la dernière guerre, est à l’origine de l’Omaggio (a Tiepolo), trois digressions sur le thème de la mémoire. Si la liberté de la mélodie révèle l’ « expression de [cette] âme » dont parle l’Esthétique de Hegel, les multiples ornements retrouvent le masque et le pli baroque. L’extrême virtuosité du violon se double d’une virtuosité de l’architecture, que le compositeur hérite du peintre vénitien : la luxuriance de l’ornementation, le trait extérieur du tracé, le débordement ne délimitent plus une extériorité. La silhouette se trouve complétée par nombre de détails étrangers à elle-même et l’ornement participe d’une autre présence de l’être
Philippe Fénelon.