La pièce se découpe en trois parties. La première regorge de techniques non conventionnelles de jeu instrumental. Les sons se présentent souvent comme de brefs coups de pinceau sur une toile. La musique peut être perçue comme un accompagnement des Scènes de l'enfer de Hieronimus Bosch.
Dans la deuxième partie, des enveloppes (crescendi, diminuendi) sont appliquées aux sons et les modèlent à la manière du vent façonnant le sable au Sahara. Ces enveloppes sont contrôlées avec précision par des motifs rythmiques, eux-mêmes contrôlés par des changements de tempo. Je voulais donner l’impression au public de naviguer parmi des sons déjà existants. Par ailleurs, des sons très courts sont joués dans des agglomérats rythmiques comportant des mouvements géométriques rapides et chaotiques.
Dans la dernière partie, le tempo reste toujours rapide. J’ai introduit des figures « reconnaissables » dans mes matériaux en m’inspirant du phénomène de pareidolie* et je les ai composées de manière virtuose pour les instruments. Des enveloppes sont une fois encore appliquées, cette fois sur des structures globales et des couches multiples qui s’interpénètrent.
La partie électronique développe les nuances sonores de la partie instrumentale. Grâce à une synthèse croisée en temps réel, les sons instrumentaux interagissent digitalement avec des sons de nature complètement différente, créant des espaces artificiels. Les parties acoustique et électronique sont compatibles harmoniquement et établissent des relations hétérophoniques, comme si l’une reflétait l’autre dans un miroir.
Vassos Nicolaou, programme de la création, Ircam, le 10 octobre 2009.