Le mouvement — sa naissance, sa mort, l'entretien de l'énergie qui favorise sa durabilité — est l'une des préoccupations de Philippe Leroux. Le principe de continuité qui anime son œuvre procède d'une volonté évidente de logique. Toutes les idées des pièces sont déduites, soit d'un son initial qui porte déjà en lui ses propres développements, soit de processus qui, chauffés à blanc, doivent s'épuiser et mourir. Mais ces mouvements, inverses pour qui voudrait les distinguer, sont toujours complémentaires. En ce sens, on peut écouter ses œuvres comme une métaphore sonore des lois du vivant, pour lesquelles des éléments qui sont détruits en engendrent déjà d'autres dans l'acte de disparaître. Pour Philippe Leroux, la composition peut être envisagée comme un processus d'engendrements, comme une série d'opérations génétiques dans laquelle l'Alpha se confond de manière télescopique avec l'Oméga.
Dominique Druhen.
Pour la réalisation de la partie informatique, nous avons d'abord commencé par analyser quelques résonances de piano à l'aide des logiciels AudioSculpt et Patchwork, développés à l'Ircam. Ces résonances, évidemment riches en partiels, sont parfois étrangement inharmoniques (tous ces sons ne sont, au départ, que des notes isolées jouées forte), et dynamiques (de l'attaque du son, avec toutes ses transitoires, à sa disparition où ne subsistent plus qu'un ou deux partiels, parfois très éloignés du fondamental). Nous avons ensuite isolé les accords et changements internes : ceux-ci ont constitué de nouveaux matériaux d'enregistrement, donnant lieu à plusieurs types d'interpolations réalisées grâce à Diphone, logiciel développé à l'Ircam par Xavier Rodet et Adrien Lefèvre. Ces harmonies ont enfin été utilisées pour l'écriture des parties de synthèse pure à l'aide du logiciel Csound. Ainsi, les sons de synthèse de la partie électronique sont eux aussi modifiés par morphing et synthèse croisée par des sons instrumentaux (percussion et piano) ; par exemple, l'on peut entendre des sons de synthèse croisés avec des partiels isolés de glockenspiel, ou éventuellement des sons sinusoïdaux croisés avec les sons des interpolations issus de différentes résonances complexes de piano.
Philippe Leroux et Carl Faia.