Le sette chiese apparaît comme une œuvre singulière dans ma production. Par sa longue durée, par son effectif (un grand ensemble divisé en quatre groupes spacialisés), par le temps que j'ai mis pour l'écrire (plus de six mois, ce qui est exceptionnel pour moi), et par son inspiration architecturale, cette pièce se distingue de toutes les autres qui composent mon catalogue. Il ne s'agissait pas de dresser un bilan de ce que j'avais déjà fait (ou plutôt de ce que je savais déjà faire), mais de considérer cette vaste fresque comme un moyen d'élargir ma palette expressive, comme un terrain d'expérimentation qui me permettrait d'ouvrir de nouvelles voies dans mon travail. De la juxtaposition abrupte d'éléments contradictoires ou de la référence aux musiques populaires (notions caractéristiques de mon langage), il ne reste quasiment rien ici. Au contraire : c'est l'introspection, la sobriété, la raréfaction du matériau qui sont de mises. Je me suis inspiré du complexe des « sept églises » de Bologne (un ensemble architectural unique en son genre, commencé au premier siècle de notre ère, et achevé à la fin de la renaissance, composé de diverses bâtisses littéralement « encastrées » les unes dans les autres). L'originalité architecturale de l'ensemble ainsi que sa fonction religieuse ont été sources de réflexions sur l'espace et sur sa poétique. L'œuvre que j'ai écrite, d'une durée de 37 minutes, confronte en effet quatre groupes (deux ensembles quasiment symétriques fonctionnant généralement dans un principe d'antiphonie, plus un trio formé des instruments les plus graves au fond de la scène, et six musiciens disposés en arc de cercle et en hauteur). L'espace ainsi occupé est traité dans des dimensions diverses : le conflit, l'occupation progressive, la focalisation, la fragmentation, la globalisation. Ces divers principes sont déjà un moyen de rythmer la forme, à travers les deux suites réunissant quelques neuf mouvements contrastés.
Bruno Mantovani, éditions Lemoine.