C’est un des poèmes de Paul Celan où le langage exprime le plus la conquête d’une stabilité menacée. Stabilité menacée du poète comme du poème. Il semble – comme Armand Robin a pu le relever chez d’autres poètes animés par le même souci de purification du langage – que parfois le poème parte d’un chaos émotionnel, pour aboutir à un langage où ne subsistent que les molécules les plus fines du tohu-bohu originel. C’est aussi un trajet que prend souvent la musique dans sa double relation de la forme et du sens avec à la fin : « un cosmos raréfié ».
Henry Fourès