Comme dans une ville imaginaire, quatre personnes se retrouvent à nue devant leurs machines. Ballade de l’impossibilité.
Kinecticut est une chorégraphie sonore jouée par trois ou quatre musiciens-danseurs nus devant leur ordinateur. Chaque performer exécute une partition de mouvement qui s’affiche sur l’écran de l’ordinateur et qu’il fait dérouler le long du concert/performance. Cette chorégraphie est captée par une caméra infrarouge qui traduit les données spatiales en données sonores : différentes parties du corps contrôlent les fréquences et la densité sonore des oscillateurs et des filtres que font partie de la synthèse sonore, le bassin active le volume. L’instrument musical devient ainsi la distance entre le corps et la machine : espace de la relation entre l’homme et l’ordinateur. Le dialogue se compose des choix des mouvements de l’homme et, de la part de la machine, des impositions temporelles et verbales. L’homme et la machine sont acteur et spectateur, actif et passif en même temps. La suprématie de l’un sur l’autre n’est pas établie ou déterminée.
La machine a, cela dit, incorporé et phagocyté les discours sur elle même de l’ère technologique et capitaliste, produit par les philosophes et écrivains contemporains et l’impose à l’homme en le soumettant à son écoute de façon silencieuse et immobile. Là où une possible victoire de la machine sur l’homme est entrevue, le mouvement et l’action du corps reprennent le dialogue qui active l’espace sonore. L’un a besoin de l’autre pour continuer à jouer.
Chaque performeur a une partition différente avec des instructions à exécuter, mais ils font partie d’un seul ensemble ; un micro société d’une ville imaginaire décrite par une voix émise par l’ordinateur. Les musiciens danseurs composent ainsi une géographie corporelle et sonore partagée : ballade de l’impossibilité.
Daniel Zea, site internet du compositeur.