Halley a été écrit en juin 1986, date à laquelle la comète est réapparue dans le ciel. On peut dire que c'est une œuvre de circonstance.
N'ayant pas eu la chance de voir ce mystérieux phénomène, je me suis inventé une série d'images personnelles qui m'ont entraîné à écrire une pièce morcelée en brefs épisodes s'enchapinant sans arrêt tendant à mettre en valeur la périodicité du retour, tel celui de la comète.
L'œuvre procède de deux qualités qui alternent en permanence: densité et clarté. Des traits fulgurants et implacables, des accords appogiaturés pleins de fougue dans des tempi rigoureux expriment tout d'abord la force énergétique, densité contenue dans la comète. Ensuite le scintillement, l'éclat de la lumière, qui croit et décroit comme celui d'un astre, apparaît sous la forme d'un véritable thème, lent ou très lent, toujours pianissimo.
Par l'alternance de ces deux courbes, l'une extrêmement tendue, l'autre délibérément calme, l'œuvre s'achemine vers un fragment final contemplatif, méditatif, qui décroit jusqu'à l'extinction du son, comme la disparition de la lumière de l'astre.
Philippe Fénelon.