Garrigue est l'une des pièces d'un cycle de musique de chambre que je construis progressivement. Le cycle s'intitule Portulan, ainsi nommé d'après des cartes de navigation médiévales. La formation nécessaire à l'exécution de l'ensemble du cycle est formée de huit instrumentistes : flûte, clarinette, cor, piano, percussion, violon, alto, violoncelle. Une ou deux pièces seront écrites pour les huit musiciens réunis, les autres pièces le seront pour diverses combinaisons plus réduites.
A ce jour, le cycle compte quatre pièces :
- Feuilles à travers les cloches (1999) pour flûte, piano, violon et violoncelle (6')
- Les ruines circulaires (2006) pour violon et clarinette (8')
- Seven Lakes Drive (2006) pour flûte, clarinette, cor, piano, violon et violoncelle (8')
- Garrigue (2008) pour flûte, alto, violoncelle et percussion (7')
Portulan est une manière d'autobiographie virtuelle (indirecte), en ce sens que toutes les pièces trouvent leur origine dans une chose (un endroit, un livre, etc) qui a un sens particulier pour moi : Feuilles se réfère à Debussy et à la France rurale, Les Ruines a un rapport avec Borges, Seven lakes est une belle route qui traverse le Harriman State Park, tout près de mon lieu de résidence aux Etats-Unis. Entre autres pièces prévues, il y aura Paludes, d'après le roman d'André Gide.
La garrigue est un type de végétation que l'on trouve souvent dans la France méditerranéenne, fait de buissons et de plantes aromatiques (thym, romarin, sarriette, genévrier...). La pièce est une sorte de contrepoint à Seven lakes drive, car la garrigue se trouve juste de l'autre côté de la route conduisant à mon autre maison, en Provence. J'aime beaucoup m'y promener : en été, la chaleur est très grande, mais agréable grâce à la sécheresse de l'air – le silence est rempli de millions de vibrations, de criquets, de cigales – le soleil aveuglant se réverbère sur les cailloux blancs du chemin qui monte, sans fin...
Tristan Murail.