La ville est un lieu d'énergie. Cette énergie est manifeste dans le mouvement des bruits de la ville. Le projet de Flux est de capter cette énergie et de la transmettre à la musique.
La salle de concert devient métaphoriquement un organe à métaboliser les sons dont l'orchestre est le principe actif. Les sons urbains de l'extérieur sont transmutés en musique par l'orchestre à l'intérieur.
La pièce commence par une séquence enregistrée, le bruit du mouvement de la circulation. La musique naît de ces bruits en mouvement, puis constitue son propre matériau. L'orchestre qui commence dans la frange bruitée du son va vers une coloration progressive de cette matière sonore. Le rythme et la morphologie de ces sons de circulation que l'on entend au début servent de modèle au matériau de l'œuvre.
Parallèlement, l'orchestre qui est traité au début comme une masse sonore globale et objective se subjective progressivement pour faire entendre à la fin un dialogue entre quatre instruments. Cette trajectoire nous fait changer l'espace de l'écoute. Au début, l'intrusion des sons extérieurs dans la salle de concert donnera l'illusion d'entendre par-delà les murs. Au cours de la pièce, le champ d'écoute se rapproche pour se focaliser à la fin sur quelques musiciens de l'ensemble.
Jean-Luc Hervé.