L’une des premières images qui ont occupé mon esprit lors de la composition de Fired-up fut l’idée de friction (de silex par exemple) provoquant des étincelles. J’envisage moins ces étincelles comme un moyen d’allumer un feu que comme l’élément déclencheur d’une réaction en chaîne de structures complexes et interconnectées. J’ai remarqué qu’on pouvait évoquer ce phénomène de friction grâce à certains aspects de la sculpture du son, tels que les micro-intervalles, les combinaisons tonales, les motifs polyrythmiques, les multiphoniques et même l’acte physique de production du son. Tous ces phénomènes provoquent à leur tour des frictions dans l’oreille de l’auditeur, créant de nouvelles frictions entre diverses esthétiques artistiques ainsi qu’entre les compositeurs et les critiques. Tout comme les compositeurs aspirent à la créativité, les critiques ont une égale motivation à projeter leurs propres connaissances sur la musique à laquelle ils sont exposés. Essayons d’imaginer une oeuvre musicale qui décrit cette situation étrange d’un artiste flamboyant mettant K.-O. un critique incompétent – n’aurait-on pas là une friction de la plus belle eau ?
Vito Žuraj.