Le principal enjeu dans cette pièce est de situer des éléments variables dans un environnement fixe afin d’offrir à la clarinette un degré de flexibilité qui s’harmonise avec l’électronique, pour créer un monde sonore cohérent.
La partie de clarinette a été composée à partir d’improvisations et permet ainsi une élasticité accueillant risque, suspense et engouement. Au cours de plusieurs séances, j’ai enregistré les improvisations de Juliette qui comprenaient des sons qu’elle a développés dans sa propre pratique. En outre, j’ai proposé des thèmes d’improvisation en apportant des objets divers qui produisaient également d’autres sons intéressants pour la composition.
La partie électronique, quant à elle, est un environnement à multiples facettes. Elle rappelle les bruits de dysfonctionnement électrique ou mécanique et tente de recréer des ambiances sombres et lourdes à l’aide de fréquences sub-basses et de field recordings. Enfin, elle évoque la voix humaine et le corps à partir d’échantillons de parole et de bruits produits par l’auscultation d’organes (cœur, poumons) avec un stéthoscope. Cet amalgame de sons forme un tissu conjonctif – fascia – incarnant à la fois la tension et la fluidité entre l’artificiel et l’organique.
William Kuo, note de programme du concert du 18 juin 2019 au Centquatre-Paris.