Cette pièce est la première version du deuxième mouvement de Peau puis pluie créée à l'atelier instrumental en mars 2007. À la fin de celle-ci apparaissait un élément en boucle, retournant obstinément sur lui-même. Étant dans l'impossibilité d'évoluer, il s'interrompait brusquement.
Esquisse pour un point d'orgue reprend cet élément où il s'était arrêté, et cherche à le faire durer, arriver à un point où il sera obligé de se transformer. Pendant toute la pièce, il jouera un rôle de centre de gravité. Pourtant, si cette fonction nécessite qu'il se répète, il doit aussi tenter de contourner son inertie pour ne pas s'asphyxier. L'énergie accumulée par les répétitions le fait alors dériver ou provoque une métamorphose brutale en un nouvel objet ; mais ces excursions l'altèrent, l'érodent. Il se crée alors une nouvelle boucle entre fixité et évolution.
Le motif est nourri de l'intérieur par une vibration qui va imposer son tremblé à l'ensemble de la texture. Les choix d'écriture et de timbre relèvent ainsi d'une recherche d'équilibre entre contour dessiné et estompé. Les liens entre timbre et harmonie ont été explorés à partir du piano préparé, autour duquel les autres instruments créent une sonorité à la fois creuse et ronde. Ces principes formels une matière peu volatile, parfois sourde, à l'image de la forme elle-même.
Nicolas Mondon.