Si Epos, premier prix au concours international Goffredo Petrassi de Parme, referme un chapitre dans l'œuvre du compositeur — chapitre complexe et très articulé malgré sa brièveté due à la jeunesse de l'auteur — ce travail marque aussi le début d'une nouvelle phase créatrice, qui se poursuit aujourd'hui encore. Première pièce de Fedele pour grand orchestre, abordée progressivement et néanmoins avec une détermination totale, Epos est tout à la fois une étape et une summa de la pensée compositionnelle de l'auteur.Une fois encore, la forme se déploie ici en de multiples tableaux privés de césures, quand bien même scandés par des signes de ponctuation (Décidé, avec élan ; Calme, avec allure flexible ; Adagio, mais un peu agité ; Lointain... ; Vif ; Rapide ; Majestueux et résonant). Statiques mais scintillants du son du vibraphone, du marimba, de la harpe et du piano, ces signes de ponctuation déterminent l'organisation de la forme au niveau de la perception. Et une fois encore la mémoire élabore des parcours dans la double direction présent/passé et présent/futur, devenant le pivot de mouvements qui dépassent la succession chronologique et abordent ainsi une dimension dans laquelle l'avant et l'après se recouvrent et s'estompent.
Claudio Proietti, « Ivan Fedele » Les cahiers de l'Ircam, coll. Compositeurs d'aujourd'hui, 1996.