Entre-Temps, en guise d’ouverture nous donne l’image la plus symbolique, mais aussi la plus illusoire, de l’écoulement ralenti de la durée : la décélération du tic-tac d’une pendule. Il semble que dans les interstices laissés libres entre ces événements ponctuels, des échappées sonores apparaissent, pareilles à des images-souvenirs d’un quotidien proche ou lointain. Images brumeuses souvent, comme celles que nous offre la mémoire lorsque lassé par une réalité immédiate sans intérêt nous nous en échappons.
Comme en opposition, le jeu dans le second mouvement d’un corps sonore en continuels rebondissements nous fixe sur l’immédiat malgré les silences séparant les figures et les trajectoires. La continuelle variation ne nous laisse plus le loisir d’échapper à l’évolution "en cours". Chaque silence est attente, l’entre-temps semble s’être dissolu. Un contrepoint apparaît pour diversifier ce jeu, une sorte de distraction de la part des corps sonores en dérive. Plus tard, nouvelles dérives de sinuosités harmoniques, comme exclues dans un hors-temps, dilatées et lentes à se mouvoir, sorties un moment du contexte avant de s’y réintégrer sous forme d’un contrepoint rythmique. Un jeu combiné où se mêlent les éléments jusqu’ici exposés, où se mélangent et tentent de se conjuguer les instants, les entre-temps… finalement tout aussi déterminants dans le déroulement ininterrompu, incompressible et irréversible du temps.
Bernard Parmegiani.