L'œuvre comprend cinq mouvements, et son architecture est librement inspirée de la structure des poèmes japonais de style Uta. Les parties où sont liés bande et instruments (I, II, V) sont séparées par de brèves transitions pour bande seule (II, IV). La bande magnétique a été réalisée au moyen du processeur de son 4X, et de l'ordinateur VAX 780 à l'Ircam. Elle comprend des sons instrumentaux transformés, à l'aide de la machine 4X et de l'ordinateur VAX, et une synthèse de sons réalisée sur la 4X (synthèse additive contrôlée par l'application d'une enveloppe spectrale dynamique).
Les instruments du quintette enregistrés au préalable sont transformés par la 4X, à la suite de diverses analyses (des enveloppes, du spectre), réalisées par l'ordinateur VAX ou par la 4X elle-même.
Parfois, le résultat d'une transformation de sons est soumis à un nouveau traitement, afin de conférer au résultat un aspect plus naturel, plus instrumental, et mieux intégré à l'ensemble de cuivres. Ce processus est favorisé par le fait de travailler désormais sur la machine 4X, qui autorise un changement de méthode de travail : après avoir écrit la partition et décrit les instruments de transformation, on intervient en temps réel sur la production du son, modifiant et affinant les paramètres nécessaires à la construction des sons.
La multiplication des sources de diffusion de la bande, au moyen des hauts-parleurs disposés dans les angles de la salle, permet la spatialisation englobante des sons électroacoustiques, tandis que les instruments, groupés au centre de la scène, se détachent dans l'espace acoustique par le grain et la présence particulière des sons naturels. C'est un effet de fusion entre les deux univers qui est recherché : la bande et l'ensemble instrumental se comportent comme une forme et son reflet : l'une et l'autre empruntent tour à tour l'un de ces deux rôles. Je remercie particulièrement Xavier Rodet pour l'aide précieuse qu'il m'a apporté avec un enthousiasme constant, Emmanuel Favreau pour sa patience et ses conseils, ainsi que René Caussé, Chris Chaffe, Giuseppe Di Giugno, Steve McAdams, Daniel Raguin, Jan Vandenheede, et tous ceux à l'Ircam qui ont rendu la réalisation de cette œuvre possible.
Marc Battier, programme du concert Ircam/Eic du 12 juin 1984.