9 septembre 2000, festival Voix Nouvelles, abbaye de Royaumont, France
Neue Vocalsolisten Stuttgart, direction: Manfred Schreier
En güzel... est une commande d'Etat pour la Fondation Royaumont et la Ville de Sarcelles dédiée aux Neuevocalsolisten Stuttgart
Profondément touchée par la vie et l'œuvre du poète turc Nazim Hikmet, je me suis inspirée d'un des poèmes qu'il a écrit en prison. Le message d'espoir émanant de ces quelques lignes semble particulièrement en contraste avec le contexte dans lequel elles ont été écrites.
En güzel... est en quatre mouvements qui s'enchaînent sans interruption et dont chacun peut exister indépendamment des autres. Deux mondes différents, qui reflètent la double culture (orientale et occidentale) qui était celle de Hikmet, sont évoqués à travers l'utilisation de matériaux musicaux et linguistiques différents.
Le premier et le troisième mouvement interprètent le texte turc. Il y a peu de passages harmoniques et les hauteurs sont régies par un mode phrygien avec tierce et sixte neutre, utilisé aussi dans la transposition au demi-ton. Mélismes et ornements s'y trouvent en abondance.
Le deuxième ainsi que le quatrième mouvements sont construits à partir d'idées abstraites. Ces idées, d'ordre spatial, apparaissent sous la forme d'un mouvement contraire dans le deuxième mouvement et d'un mouvement parallèle vers l'aigu dans le quatrième. Le texte est ici remplacé par des phonèmes, qui se rapprochent parfois des mots turcs : küçük (petit), çiçek (fleur), çocuk (enfant).
Comment vivre entre ces deux mondes sans être déchiré ? Ce sont les fins des deuxième et quatrième mouvements, qui tentent une réponse à cette question en cherchant le point de jonction entre ces deux mondes (matériaux) : les grandes ouvertures de registres du début du deuxième mouvement rétrécissent pour aboutir sur des unissons répétés et des trilles en demi-ton ; ceux-ci par la suite se transforment en rappelant les ornements du premier mouvement en transition avec le troisième. La petite coda qui clôture l'œuvre est également la fin du quatrième mouvement. Une double réexposition confronte les glissandi expressifs du premier mouvement avec ceux, plus abstraits du début du quatrième mouvement.
This entry is encyclopaedic in nature and does not reflect the collections of the Ircam media library. Please refer to the "scores" entries.
Do you notice a mistake?