À la fois sonate pour piano, œuvre d'ensemble et électronique, concerto pour trois caisses claires, pièce acousmatique, étude sur la spacialisation de groupes instrumentaux, Éclair de lune marque mon retour à l'électroacoustique après sept années durant lesquelles je me suis consacré à la musique instrumentale. Toujours réticent à l'idée d'être confronté à l'inertie du studio, mais conscient que mon oreille a été formée par l'expérimentation que j'y ai menée depuis mes 15 ans, j'ai décidé, sur ce projet, de me concentrer sur l'enrichissement réciproque de l'écriture et de la manipulation sur la matière sonore. Ce sont de multiples enregistrements de caisses claires qui m'ont permis d'élaborer la partie électronique, par un long travail de montage et de transformations (dans lequel j'ai été secondé par mon assistant musical, Sébastien Roux). Mais les sons obtenus ont aussi nourri les parties instrumentales, le tout visant à créer un continuum sonore reposant sur la construction de trames à partir de sons isolés. C'est la « coagulation » d'impacts qui crée ici la trame, dans une logique de synthèse granulaire (ce procédé avait été à l'origine du Grand jeu composé en 1998-99). C'est ainsi que l'unification sonore entre l'électronique, les caisses claires, et un ensemble composé de bois, cuivres, piano, et cordes, se fait plus par des relations verticales d'écriture que par une homogénéité sonore.
Bruno Mantovani.