A partir du mot discorps, emprunté à Jean Ricardou (Nouveaux problèmes du roman, Jean Ricardou. Edition du Seuil, Paris 1978), des mots et des phrases ont été générés et assemblés dans le temps de la composition musicale au moyen de techniques imbriquées (des mots déterminent des rythmes ou des rythmes conditionnent le nombre des syllabes, etc).
Le mot discorps a permis de générer d'abord par assonance et captage sémantique les termes : dix corps, discours et discorde. Le mot discorde, à son tour et de la même façon a produit disloque. Les quatre termes ont suggéré ensuite trois situations : un affrontement verbal (discours), des brisures et des déchirements (discorde), enfin une situation plus introspective dans laquelle un corps éparpillé et multiplié est le sujet d'une obsession (dix corps).
Ces trois situations ont servi à déterminer la forme musicale de la pièce :
- pièce 1 : affrontement verbal entre deux protagonistes (la voix et la clarinette basse).
- pièce 3 : à nouveau cet affrontement mais ici le discours est disloqué, brisé par des inclusions de fragments déjà entendus.
- pièce 2 : dans cette séquence, d'un caractère opposé aux deux précédentes, la voix déroule une longue ligne caractérisée par les répétitions d'éléments vocaux différenciés (souffles, grains de voix multiples, etc.) ; la clarinette s'efface en un accompagnement discret ; le matériau est complémentaire de celui issu du mot discorps (abondance de voyelles, les phonèmes utilisés dans les deux autres pièces sont évités).