L'opposition (Fan) constitue le cœur de la pensée du philosophe chinois Lao Tse, et est à l'origine de l'idée binaire Zhou (dense)/Shu (clairsemé), vieille conception littéraire. Les huit autres idées binaires complémentaires sont : avoir/vide, creux/plein, changeant/constant, clair/flou, dur/doux, mouvant/calme, vide/rempli, ouvert/fermé. Par conséquent, il me semble que le Zhou (dense) peut se transformer en avoir, plein, constant, flou, dur, mouvant, rempli, fermé, et le Shu (clairsemé) en creux, changeant, clair, doux, calme, vide, ouvert.
L'idée maîtresse de ma pièce est fondée sur les rapports de conversion entre le Qi (souffle), le Yin (son) et le Ge (chant). Le chant représente, pour moi, une conception imaginaire, illusoire provenant de la combinaison du Tao et de la culture traditionnelle chinoise. Il s'agit ici d'un chant sans voix (voix humaine) ; c'est le passage de la flûte basse en solo qui en est le centre, et il est relayé par les groupes de cuivres et de bois. Le chant, dont le thème se répète à cinq reprises seulement, est interprété par la voix du premier groupe (chantée par les instrumentistes) et constitue un appel original au thème central de cette pièce : quand les consonnes du titre chinois sont enlevées, le Zhou devient (i-o) et le Shu (u).
La note la plus importante de cette pièce est, elle aussi, dérivée des titres en français et en chinois. La note Si devient Xi, employé dans le langage oral courant d'aujourd'hui, à la différence de Shu qui reste littéraire (entendons Xi, synonyme de « Clairsemé »).