Christian Zanési aime prendre comme point de départ un son « rencontré par hasard ». Frappé par le son AUM émis par un yogi indien entendu sur Internet, il décide d’en faire le fondement de Dans le mantra. Si ce titre fait référence aux formules sacrées prononcées dans l’hindouisme et le bouddhisme (AUM est un mantra), Zanési transforme toutefois le son initial pour le rendre méconnaissable – il s’agit d’écarter la référence spirituelle et culturelle à laquelle on ne manquerait pas de l’associer. À partir de ce matériau, il construit une cellule d’une trentaine de secondes, puis la décompose pour obtenir des éléments susceptibles d’être variés, développés, et de jouer tour à tour un rôle de premier plan.
Cette « plongée dans le son », qui s’accompagne d’un travail particulier sur les basses, s’affranchit de la lettre du mantra pour se concentrer sur son esprit. À l’image de ce qui se produit lors des répétitions d’une formule sacrée, la pièce « s’ouvre peu à peu et s’élargit dans un effet fractal » ; ou, poursuit le compositeur, « comme de simples vagues qui viennent se dissoudre sur le rivage, toutes semblables de forme mais, à y regarder de près, variées dans le détail et dans leurs résolutions ». Il appréhende Dans le mantra comme une forme de méditation, sans que la musique soit pour autant méditative.
Hélène Cao, note de programme du concert du festival Présences de Radio France du 9 février 2024 au Studio 104 de Radio France.