« Événement soudain, inattendu, qui vient compromettre la réalisation d'un dessein, d'un projet. »
La pièce se présente comme un combat : combat entre la voix et les instruments, combat entre séquences, combat entre fragments parasites. Rien ne peut se dérouler normalement et jusqu'au bout. Toujours il y aura un empêchement, un détournement, une dénégation de ce qui vient d'être entendu. Le discours linéaire est ainsi mis à mal, au profit d'une « spirale », qui fait tourner les éléments musicaux, les fait s'affronter, les fait dériver, les met dans des devenirs inattendus.
Dans cette étude sur le mouvement discontinu, les fragments fonctionnant comme « résistances » font dévier l'écoute et créent de fauses pistes, avant d'être eux-mêmes pris dans ce labyrinthe mouvant.
La position de la voix, tantôt au millieu de l'effervescence, tantôt au bord, tantôt seule, ne fait qu'augmenter le trouble. Mon pari, en écrivant cette partition, était de dégager un maximum d'énergie grâce au devenir de cette forme sans cesse déchirée et bousculée, tout en créant l'illusion d'une dramaturgie plausible.
Une image m'a accompagné pendant l'écriture de Contretemps, c'est un tableau de Paul Klee : Vor dem Blitz.
Georges Aperghis.