Dans cette pièce dédiée à Thierry Miroglio, l'ordinateur incite par l'exemple le percussionniste à mettre en œuvre des protocoles rythmiques contre nature. Le premier exercice induit des variations rythmiques en jouant non sur le temps lui-même, mais sur le contenu des sons : les différences d'intensité ou de timbre provoquent des fisssions mélodiques qui font naître des figures rythmiques « illusoires », un processus illustré par Ligeti, dans sa sixième étude pour piano et étudié par Van Noorden, Wessel et Arom. Le second exercice consiste à accélérer ou ralentir tout en gardant une pulsation invariable, cela en dédoublant les pulsations. Le troisième suggère des accélérations sans fin, comme un serpent rythmique se mordant la queue, ou des accelerandi qui aboutissent à une pulsation finale plus lente qu'au départ.
Ces comportements rythmiques paradoxaux, étudiés par l'auteur et aussi par Knowlton, Bregman et Warren, paraissent contredire la structure sonore : les comptages intérieurs ne se réduisent pas au temps chronométrique. De telles « illusions rythmiques » révèlent en fait la nature de la perception auditive, qui va parfois à l'encontre de la nature physique du son – nature contre nature.
En plus des sons de synthèse, certains sons issus de l'instrumentarium acoustique de Thierry Miroglio se voient répercutés et transformés par l'ordinateur, en tirant parti d'une méthode développée au LMA à Marseille par Philippe Guillemain et de mises en œuvre en temps réel sur le processeur Genesis par Thierry Voinier.
Jean-Claude Risset.