Composée en janvier 1968, à la demande d'Antoinette Vischer, la pièce est techniquement conçue pour le clavecin. Il faut jouer dans la même position sur les deux claviers. D'où les effets « couverts », parfois même des intonations, mais l'une poussant l'autre et sans mouvement réel. Un mouvement « idéal » provient alors de la superposition des tonalités, comme deux vagues qui s'accordent l'une l'autre puis se repoussent. Il est possible de jouer encore plus vite au clavecin qu'au piano, avec une grande rapidité, avec une légèreté extrême du toucher. Cette vitesse aboutit à la fusion des sons successifs, de telle manière que le vol du prestissimo donne l'impression d'une quasi immobilité. Mais cette immobilité, si souvent reconnue dans mes oeuvres, cliquette et bourdonne ici comme un fantôme, cela grâce au clavecin.
György Ligeti, extrait d'une lettre à Ove Nordwall du 19 février 1968.