Avec le Concerto pour piano et orchestre, terme d'un long cheminement, Fedele s'affirme d'une manière éclatante dans un domaine qui avait été celui de ses premières expériences musicales : le piano soliste.
Comme dans les autres pièces de l'auteur pour instrument soliste et orchestre, le concept de résonance occupe ici un rôle central, qui suscite tout à la fois l'idée du son et les formes à travers lesquelles cette idée se concrétise. La matière sonore emprunte à nouveau dans l'orchestre des circuits de multiplication, de réfraction, de diffraction, grâce auxquels elle est projetée anamorphiquement dans l'espace. Néanmoins, aucun auteur composant un concerto pour piano et orchestre ne peut éluder la rencontre avec la tradition et, de ce point de vue, Fedele affronte aussi bien le souvenir sensible et personnel des réflexes qui conditionnent la manière de « toucher » le clavier que les problèmes de la macroforme. Il en résulte un organisme divisé en quatre sections principales, auxquelles s'ajoute une cadence située entre la troisième et la quatrième section.
L'orientation narrative et dialectique est écartée au profit d'une exploration pluridimensionnelle de la matière sonore. Cette exploration implique un principe de réciprocité entre le soliste-voyageur et le paysage-orchestre, métaphores familières qui se voient de nouveau confirmées. La surprise, la fascination et l'empathie font que l'un modifie la perception et la nature de l'autre. Et si l'on considère que l'auditeur, dans la musique de Fedele, n'a jamais un rôle passif mais influence au contraire directement le processus par sa propre sensibilité, alors ce concerto apparaît bel et bien comme le modèle décisif d'une nouvelle dramaturgie symphonique.
Claudio Proietti, « Ivan Fedele » Les cahiers de l'Ircam, coll. Compositeurs d'aujourd'hui, 1996.