Ce Concerto pour clavier MIDI, ensemble et électronique est né de la constatation d’une lacune : il n’en existe aucun dans toute la littérature contemporaine. Le rôle du clavier MIDI au sein des œuvres musicales qui y font appel – et elles sont nombreuses ! – est la plupart du temps cantonné à celui, réducteur, de « déclencheur d’événements ».
Pianiste moi-même, j’ai une grande affection pour le piano et les claviers, et j’avais envie de dédier une pièce à cet outil « pratique », une pièce qui en ferait valoir les réelles qualités « d’instrument » en lui donnant un rôle central et concertant.
Autour de ce principe générateur s’est organisée toute la pièce : la forme fait référence, de manière synthétique, à celle, classique, du concerto, qui a été mise au point par de grands génies. Il y aura même une cadence du clavier MIDI, précédée d’un petit entracte électronique.
Le concerto est aussi un exercice théâtral : à partir du moment où un clavier trône sur la scène, et où un soliste s’y installe pour jouer un concerto devant un ensemble instrumental, la mémoire du public est sollicitée : surgissent diverses images, de romantisme, de lyrisme, de virtuosité, avec lesquelles je peux jouer. Le clavier MIDI lui-même est synthétisé note à note à l’aide de Modalys, logiciel de synthèse par modèle physique de l’Ircam. Au modèle physique se mêlent parfois des échantillons, pour brouiller les pistes et préserver le geste instrumental au sein même de l’écriture électronique : Modalys donne aux sons générés une couleur spécifique, reconnaissable par l’oreille avertie que je voulais gommer, tout en insufflant la vie du geste instrumental dans le modèle. Le modèle pour chaque touche du clavier change bien évidemment en temps réel. Même si les modèles physiques sont adaptés pour imiter les « vrais » instruments, j’ai parfois fait appel à d’autres stratégies ; le modèle physique peut aller au-delà de la stricte mimétique avec l’ensemble pour doter le clavier MIDI d’une identité sonore forte, qui évolue au cours de la pièce.
Maurilio Cacciatore, octobre 2011.