Pour composer cette pièce, je suis parti de l’idiome gestuel le plus élémentaire, voir du « cliché » de la harpe, c’est-à-dire le glissando. Toutefois, grâce à l’utilisation de la sourdine, le glissé perd de son identité originelle (la sourdine étouffe presque complètement les résonances de l’instrument).
Mon propos est d’opérer une mutation de cet élément sonore ; soit par l’induction du glissé d’autres catégories gestuelles comme la gamme ou l’arpège, soit par l’injection progressive d’autres types de matériaux (comme les notes résonnantes dans le grave extrême), soit par la juxtaposition de sons de harpe à d’autres sons d’origine disparate (voix, cris d’animaux, orage...) mais ayant tout de même une parenté objectale avec certains sons de harpe.
Au cours de l’œuvre, chaque élément suit son propre parcours, dessinant ainsi dans le temps une forme arborescente.
Le titre de l’œuvre n’est pas à prendre comme une allusion à un rituel magique ni à une quelconque recherche d’exotisme, mais représente une métaphore de la capacité que possède un matériau à se transfigurer jusqu’à la perte de son identité d’origine. Ce qui reviendrait un peu à une sorte de « métempsychose » du son.
Certains sons ont été réalisés à partir des voix de Cathy Achin et d’Esther Davoust.