Boyl est une œuvre qui s'adresse à une grande formation. « Boyl » est l'ancienne façon d'orthographier l'impératif de « boil », qui signifie bouillir, et provient d'un texte alchimique de Aeyrenaeus Philalethes paru à Londres en 1677.
L'alchimie passe pour être l'ancêtre de la chimie moderne, mais elle offre, du point de vue philosophique, un bien plus grand intérêt. La massa confusa convulsive que l'on extrait de la montagne, doit passer par un long processus, se liquéfie (bouillir) puis à nouveau se coagule — et cela maintes et maintes fois — avant que n'en émane la prima materia, le matériau brut qui servira à fabriquer l'or. Carl Gustav Jung s'est intéressé de très près à cette similitude entre l'opus magnum et les processus psychanalytiques. Ainsi pour lui, la massa confusa du subconscient était le tout premier intermédiaire permettant l'accès à l'intégralité du mental.
Dans ma musique, la massa confusa est un matériau-nombre émanant d'une fonction mathématique dénommée « fractale ». La fonction elle-même est relativement simple mais elle génère des graphiques fascinants et étonnement « organiques » si on les répète plusieurs fois à la suite. Le thème central de Boyl est le rapport qu'entretiennent entre eux le mercure, élément liquide, froid et récessif, et le soufre, élément solide, brûlant et dominateur. Le mercure reste un long moment seul en scène avant que le soufre ne fasse son entrée. Au cours du morceau, les deux éléments échangent leurs qualités puis finalement se fondent l'un dans l'autre.
Boyl m'a été commandé par l'Ensemble Intercontemporain et est dédié à tous ceux qui s'opposent, sans violence, aux essais nucléaires dans le Pacifique.