L’œuvre ouverte a fait l’objet d’un vif intérêt chez les compositeurs des années 1960, puis est quelque peu tombée en désuétude par la suite. Le propos de cette étude est de laisser l’outil informatique décider en temps réel de la forme générale de la pièce, en tirant partie de sa « non-intentionnalité », ou en orientant ses choix par l’utilisation de chaînes de Markov. Dans certaines sections, la partition, qui s’affiche sous les yeux de l’interprète, équilibre la relative imprévisibilité dans la succession des événements par un contrôle temporel précis au niveau local, au moyen d’une partition dynamique (grâce à la librairie bach de Max). La harpe est un instrument qui se prête naturellement à une écriture diatonique en micro-intervalles. Le discours procède donc par exposition de différents modes, et peut évoquer ainsi une musique traditionnelle imaginaire, échappant de manière plus naïve que volontaire à sa dimension moderne, ou contemporaine. La projection sur 8 haut-parleurs disposés autour du public recherche cependant le pointillisme, le disparate, inspirée par l’électronique du compositeur Emmanuel Nunes. Les trajectoires ou mouvements des sons dans l’espace sont souvent conçus dans ma pièce comme des diminutions en musique ancienne et, en ce sens,l’ornement devient un des principaux vecteurs d’articulation.
Jonathan Bell.
Note de programme du Concert Cursus du 2 avril 2015.