L'idée de départ est celle d'une spirale qui se développerait quasiment vers l'infini. Au début, dans les registres de l'extrême aigu, des suites de notes sont soumises à un processus de filtrage constant, décrivant des parcours au sein desquels certains sons sont interrompus par d'autres, et où leurs positions respectives évoluent sans cesse. Ce processus s'opère avec une rapidité remarquable, une virtuosité énergétique, qui n'est pas seulement réservée au soliste, mais gagne parfois aussi l'orchestre. Le principe de l'opposition concertante entre l'individu et le collectif est conservé. En revanche, le piano est intégré à plusieurs reprises à l'orchestre afin que celui-ci influe sur la suite du discours et qu'il propose des solutions qui lui sont propres. Pour cela, la large palette technique de l'instrument et les innovations de type « vie organique » présentes dans l'œuvre de John Cage, sont sollicitées. Cependant, la nature du piano, étrangère aux longues tenues et aux processus sonores étendus, jouant avec les limites d'une virtuosité ludique, ne put tenir lieu de problématique dans l'écriture de la partition après le décès subit de mon père. Dès lors, les énergies déployées dans le registre aigu, dès le début de l'œuvre, changent de direction. La pièce devient lente, elle cherche les profondeurs, opère davantage avec des résonances, et s'articule comme une musique qui disparaît, qui « dit adieu » (d'où le titre). La narration initiale s'interrompt, elle ouvre des espaces pour la réflexion, le silence, le souvenir.
Michael Jarrell.