« Les idées inhérentes aux Chants de l’Amour nécessitaient l’emploi de la voix synthétique, bien qu’il ne soit guère facile d’érotiser les sons de l’ordinateur. » Gérard Grisey annonce ainsi la complexité du projet réalisé à l’Ircam dans les années 1980. Le programme informatique Chant permettait de réaliser la synthèse pure et la transformation de sons concrets par filtres. Dix langues différentes, des litanies, des interjections…, Les Chants de l’Amour altèrent ces matériaux hétérogènes au cours du temps. Plus encore, ils accouplent la voix de la machine, monstrueuse, menaçante et séductrice, et les 12 voix de l’ensemble vocal. Vingt-cinq ans après Grisey, Alberto Posadas, héritier original de la pensée spectrale, plonge les voix réelles dans un espace instrumental virtuel. Chanter dans un instrument pour créer un modèle de résonateur et en déduire l’électronique : ce geste compositionnel doit beaucoup à l’expérience fondatrice de Grisey.