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La pièce POETICA est un voyage à la découverte de soi. Un voyage qui prend vie au travers de la respiration : en stimulant diverses composantes de la psyché sonore, inspirations et expirations font émerger et disparaître les événements sonores, et génèrent les micro et macrostructures du discours. Ce voyage prend sa source dans des lieux sonores envahis par ce qui nous est extérieur : j’ai enregistré d’innombrables bruits et cris de manifestations, que ce soit à Tel Aviv, aux États-Unis ou à Paris, dans le courant de l’année 2023. De fait, nous vivons tous dans une réalité complexe, dont nous ne semblons plus désormais pouvoir échapper.
Cependant, l’exploration sonore se cristallise progressivement, à mesure qu’émerge le souffle de la respiration et, avec lui, la découverte de ce que les percussions cachent au cœur de leurs sons. Des trémolos de percussions se dégagent, telle une ombre, les trémolos de cordes. Et ces deux types de trémolos se mêlent et éprouvent leur identité combinée, se poussant et s’étirant en son sein, jusqu’à nous permettre de faire l’expérience du trémolo de percussions et du trémolo de cordes comme d’un unique champ imaginaire. En dépit d’une réalité difficile et intrusive, nous pouvons toujours nous tourner en nous-mêmes, et trouver lucidité et espérance.
Notre intimité constitue un environnement naturel singulier, doté de sa vitalité propre.
Chaya Czernowin, note de programme du concert ManiFeste du 12 juin 2024 à l'Espace de projection de l'Ircam.
La musique de Chaya Czernorwin s’inscrit durablement dans la mémoire de ceux qui l’écoutent et la voient sur les scènes musicales ou lyriques, par la puissance et la précision des images sonores qu’elle génère. POETICA, s’étendant sur une soirée complète, construit un « palais de la mémoire » dont la fondation est la relation entre le soliste Steven Schick, les quatre percussionnistes et le trio à cordes, l’électronique participant activement à ce maillage. Les trois étages du palais sont circonscrits par les haut-parleurs. Au premier étage, le soliste est l’initiateur et il construit avec les autres protagonistes un vaste ensemble suspendu jusqu’à ce qu’une catastrophe vienne tout détruire. Le deuxième étage se consacre au mouvement et à la modulation, aux souvenirs déformés, à l’oubli parfois consolateur. Le dernier étage se déroule dans toute la salle mais semble également provenir du dehors et du lointain. Le lieu est devenu un réseau mobile dont la configuration varie. Nous sommes entrés dans le rêve d’une réalité fluide, d’une nouvelle modalité de communication et de transmission du son.
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