Encouragé à ses débuts par son père – responsable artistique de la galerie Bernheim –, il fut le premier, en 1953, à s’emparer du magnétophone, avant les autres pionniers de la « Poésie sonore » historique : Bernard Heidsieck, Henri Chopin, Brion Gysin.

Dès 1946, il avait été, après Gabriel Pomerand, le second des disciples d’Isidore Isou. Qualifié par Alain Jouffroy de « Schwitters de la nouvelle avant-garde », il développera une œuvre poétique résolument vocale – « phonétique » : poèmes lettristes, voire phonatoire : crirythmes ultra-lettristes, mais aussi « à mots » : Tombeau de Pierre Larousse et ses suites, Cantate des Mots camés, Comptinuum, etc. – parallèlement à une œuvre plastique, placée sous la double bannière des « Nouveaux Réalistes » et, plus groupusculairement, des « Affichistes » : dessous d’affiches, de stencils… À maintes reprises, il soulignera le « rapport évident » qu’il y a entre son « activité sur le plan sonore, de poète-musicien », et ses « activités de faux-peintre ».

De 1947 à 1953, il participe à la plupart des activités lettristes, en particulier aux récitals du Tabou et de la Rose rouge en 1950 – année de sa rencontre avec Yves Klein et de son premier récital personnel.

Le 4 mai 1952, il donnait en marge du festival de Cannes son « film imaginaire sans écran ni pellicule » : Tambours du jugement premier – recréé le 23 juin 1973 pour l’« Atelier de Création Radiophonique » de France Culture. Toujours en 1952, il fondait avec Marc’O la revue Soulèvement de la jeunesse, portant le titre et explicitant le programme du manifeste d’Isou (1950).

C’est alors, pourtant (1953), qu’il rompt avec l’orthodoxie lettriste, opposant au typographisme isouien la « criation de transes intranscriptibles » de ses premiers crirythmes qui, d’abord conçus en termes de « spontanéité de base », n’en exigeaient pas moins une « copie mécanique » : l’enregistrement, sur bande magnétique, de la séquence improvisée. Il en donnera dès 1955 un premier récital – alors qu’il travaillait déjà au Tombeau de Pierre Larousse, et que débutaient son amitié avec Raymond Hains et Jacques Villeglé, et ses activités de plasticien ; en 1959, il présentait dans son atelier l’exposition-manifeste du trio : « Le Lacéré Anonyme »…

1960 : il participe à la création du groupe des Nouveaux Réalistes, et organise à la galerie des Quatre saisons une soirée « Anthologie des poésies phonétiques » qui, après le livre d’Iliazd : Poésie de mots inconnus (1949), relança la polémique suscitée par la question, tranchée sans appel par Isou, de l’antériorité absolue ou non du Lettrisme (et de lui-même) en ce domaine. 1963, première exposition personnelle : « Les Archi-made », suivie en 1964 du « Mot Nu Mental » (les deux : galerie J) ; 1980-1981, la septième : « Affiches lacérées » (centre Noroit, Arras), partagée avec Villeglé, et ponctuée d’une soirée sonore avec Heidsieck, Chopin et lui-même ; 1981, la neuvième et dernière de son vivant : « Archimade et Ouestampage ou le back-slang » (Centre d’Art contemporain, Rouen).

1962-1963 : soirées du « Domaine Poétique » à Paris, Stockholm, Londres – c’est le début du compagnonnage scénique avec Heidsieck. 1963-1964 : récitals lettristes (« à titre rétrospectif ») au TNP puis à l’Odéon. 1965, deux publications sonores significatives : un crirythme dans Poésie physique, en compagnie de Jean-Louis Brau et Gil Joseph Wolman – ses deux co-dissidents du Lettrisme –, et trois autres dans le n°23-24 (le 2e avec disques) de la revue OU de Chopin, haut-lieu d’élaboration et de divulgation de la « sonore », en compagnie de Heidsieck, Mimmo Rotella, Brion Gysin et Chopin lui-même – dont aucun n’était passé par le Lettrisme…

1968 : 1er festival de « Text-Sound Compositions » à Stockholm. 1970 : pour le Xe Anniversaire du Nouveau Réalisme, il lance un Recitativo all’italiana aux accents parodiquement mussoliniens sur la piazza del Duomo à Milan, en introduction à l’auto-destruction de la sculpture de Tinguely, « La Victoire ». 1976 : Heidsieck lui consacre la première des dix soirées de son « Panorama de la Poésie sonore internationale » ; 1977 : soirée Cantate des Mots camés au Centre Pompidou, qui en publie une version sur cassette ; 1979 : soirée dans le cadre des « Concerts manifestes » organisés par Pierre Mariétan lors de la publication de Poésie sonore internationale de Chopin. 1979-1982 : il est des quatre premières éditions du festival « Polyphonix », et en 1980, des « Rencontres internationales de Poésie sonore » conçues par Heidsieck et Michèle Métail…

© Ircam-Centre Pompidou, 2019

sources

François DUFRENE, Archi-Made, Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 2005.
François DUFRENE, Œuvre désintégrale, Milan/Anvers, Alga Marghen / Guy Schraenen [3 CD+livret], 2010.

François Dufrêne. 5 novembre**– 8 janvier 1989, Villeneuve d’Ascq, Musée d’Art Moderne, 1988. Site officiel : http://www.dufrene.net



Vous constatez une erreur ?

IRCAM

1, place Igor-Stravinsky
75004 Paris
+33 1 44 78 48 43

heures d'ouverture

Du lundi au vendredi de 9h30 à 19h
Fermé le samedi et le dimanche

accès en transports

Hôtel de Ville, Rambuteau, Châtelet, Les Halles

Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique

Copyright © 2022 Ircam. All rights reserved.