Ennio Morricone naît à Rome, le 10 novembre 1928, dans une famille modeste qui lui inculque le goût du travail. Dès son plus jeune âge, il étudie la trompette au Conservatoire Santa Cecilia, avant d’entrer dans la classe de composition de Goffredo Petrassi auquel il restera lié, malgré leurs divergences esthétiques. En 1954, Morricone entame des collaborations hétérogènes, qui lui seront utiles. Aux œuvres pour voix et piano, à la musique de chambre et à un Concerto pour piano et orchestre dédié à Petrassi, s’ajoutent des pièces radiophoniques, des chansons et de la musique de film d’autres compositeurs, qu’il arrange et complète. Morricone collabore avec les orchestres de musique légère de la RAI, avec Pippo Barzizza et Cinico Angelini, et avec RCA, label d’auteurs-compositeurs-interprètes à succès. La modernité du langage de Morricone, éloigné des stéréotypes alors en usage, suscite une reconnaissance immédiate.

Morricone est associé à des chansons à succès : Il barattolo, Se telefonando, considéré comme l’une des meilleures chansons italiennes de l’après-guerre, Abbronzatissima ou Ogni volta e via dicendo. Il est alors reconnu pour son traitement du texte, ses timbres recherchés, son usage de bruits et d’instruments rares, ainsi que ses procédés d’élaboration de cellules chromatiques, un ensemble de stylèmes qui se retrouveront dans ses bandes-sons comme dans sa musique pure.

En 1958, Morricone suit les Cours d’été de Darmstadt, où il découvre la musique de Luigi Nono, dont les Cori di Didone et Il canto sospeso l’impressionnent. Trois ans plus tard, en 1961, il débute officiellement au cinéma, avec Mission ultra-secrète de Luciano Salce, prélude aux collaborations avec le père du western italien, Sergio Leone. Dans la « trilogie du dollar » – Pour une poignée de dollars (1964), Et pour quelques dollars de plus (1965), Le Bon, la Brute et le Truand (1966) –, Morricone renouvelle les univers sonores du western. Alessandro Alessandroni, le guimbardiste Salvatore Schilirò, le guitariste Bruno Battisti D’Amario, le trompettiste Francesco Catania et la chanteuse Edda Dell’Orso sont ses fidèles interprètes.

Morricone est sollicité par nombre de réalisateurs : Argento, Bellocchio, Bertolucci, Bolognini, Cavani, De Seta, Ferreri, Montaldo, Pasolini, Petri, Pontecorvo, Wertmüller, Zurlini, les frères Taviani… Peu à peu, ses collaborations s’élargissent aux réalisateurs européens et américains : Almodovar, Beatty, Boormann, De Palma, Joffé, Lyne, Polanski, Stone, Verneuil, von Trotta… (Stanley Kubrick l’appelle pour Orange mécanique, mais le projet n’aboutit pas). La popularité de ces bandes-sons lui vaut son premier disque d’or pour le million de disques vendus en 1971.

Morricone continue à composer de la musique pure. Parmi les dix œuvres de cette période, cinq ont un caractère filmique et proviennent d’adaptations de bandes-sons antérieures. C’est le cas de Requiem per un destino, issu de la musique pour Un homme à moitié de Vittorio De Seta. D’une autre facture sont Suoni per Dino, sur une structure musicale périodique, mais aussi Caput Coctu Show, sur un texte de Pier Paolo Pasolini, Bambini del mondo, aux structures modulaires, et Grande violino piccolo bambino. Soulignons aussi, au cours de ces mêmes années, à l’invitation de Franco Evangelisti, la participation de Morricone aux activités du Groupe d’improvisation Nuova Consonanza, où convergent musique électronique, aléa, gestualité et musique concrète. Des années plus tard, en 1984, il sera l’un des fondateurs de l’Institut de recherche sur le théâtre musical à Rome (IRTEM), une institution de premier plan dans l’étude et la diffusion de la musique composée pour les médias. De 1970 à 1972, Morricone participe à une initiative visant à renouveler les programmes ministériels d’enseignement dans les conservatoires. Avec Daniele Paris, Bruno Nicolai, Dino Asciolla et Vincenzo Mariozzi et Severino Gazzelloni, il fonde une nouvelle école à Frosinone, qui devient le Conservatoire Licinio-Refice. L’enseignement, vite abandonné en raison d’engagements contraignants, reprendra en 1991, à l’Accademia Chigiana de Sienne, avec Sergio Miceli.

Au cours de sa carrière, Morricone a reçu de nombreux prix et distinctions : Oscar pour l’ensemble de sa carrière, Oscar de la musique et cinq nominations, cinq BAFTA (Académie britannique du film et de la télévision), trois Golden Globes, un Grammy Award, un European Film Award, dix Nastri d’argento, neuf David di Donatello, vingt-sept disques d’or, six disques de platine… Citons aussi d’autres prix d’institutions prestigieuses : Prix De Sica, Grand Prix de la Sacem, Golden Graal… Morricone est docteur honoris causa de l’Université de Götteborg, Officier de l’ordre des Arts et des Lettres du ministère français de la Culture, Commandeur de l’ordre du Mérite de la République italienne et Chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur, sur décret du président de la République française.

© Ircam-Centre Pompidou, 2019


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