Eivind Buene suit des Ă©tudes de composition Ă  l’AcadĂ©mie norvĂ©gienne de musique de 1992 Ă  1998. Les deux annĂ©es suivantes, il est compositeur en rĂ©sidence avec l’Oslo Sinfonietta, avant de se lancer Ă  son compte en tant que compositeur.

En 2000, il enregistre sa piĂšce Deaths and entrances pour l’album Faces avec l’Oslo Sinfonietta aux cĂŽtĂ©s d’autres compositeurs norvĂ©giens comme Trond Reinholdtsen, Maja S.K. Ratkje et Lars Petter Hagen. Cette publication est accompagnĂ©e d’une discussion autour du concept volontairement paradoxal de « rĂ©tromodernisme Â», attachĂ© Ă  la revitalisation d’un modernisme musical qui a historiquement peu touchĂ© la musique norvĂ©gienne. Dans le mĂȘme temps, cette idĂ©e cherche Ă  exprimer une distance avec le modernisme et Ă  le concevoir comme un phĂ©nomĂšne historique clos. Au titre de cette rĂ©flexion, les piĂšces d’Eivind Buene prĂ©sentent plusieurs points communs avec celles de Lars Petter Hagen : la rĂ©Ă©criture de musiques anciennes â€” Garland (for Matthew Locke) ; Schubert Lounge ; Johannes Brahms Klarinetten-Trio â€”, la confrontation avec l’histoire et la tradition et le motif rĂ©current des ruines â€” Landscape with Ruins ; Possible Cities â€” en sont des exemples.

Le compositeur est Ă©galement auteur de trois romans et d’essais sur la musique et la littĂ©rature : par ses deux activitĂ©s, il porte dans son travail un intĂ©rĂȘt commun pour les grandes progressions formelles, que ce soit dans la composition d’un cycle musical ou celle d’un roman. La littĂ©rature joue aussi, Ă©videmment, un rĂŽle important dans le travail de composition d’Eivind Buene, qu’il s’agisse de Body Art de Don DeLillo pour Stilleben (2007) ou Les villes invisibles d’Italo Calvino pour le cycle Possible Cities/Essential Landscapes (2005-2009). Le compositeur est Ă©galement plus rĂ©cemment l’auteur des livrets de ses Ɠuvres, comme pour Blue Mountain (2014), A Posthuman Guide to the Orchestra (2018) et I dag og I morgen (2023).

Depuis sa participation au projet « Again and Again and Again: music as site, situation and repetition Â», de 2009 Ă  2012, le compositeur explore aussi la question du contexte musical. De ce projet sont nĂ©es trois piĂšces et une collection d’essais. Les lignes de force rĂ©sident dans le fait que le compositeur ne peut jamais prendre le lieu du concert pour acquis et doit tenir compte de l’aspect « musĂ©ographique Â» du concert, dans la mesure oĂč une Ɠuvre est prĂ©sentĂ©e gĂ©nĂ©ralement accompagnĂ©e de musique d’un rĂ©pertoire plus ancien â€“ un point qui touche Ă  sa rĂ©flexion sur les rapports Ă  la tradition. Ainsi, dans Blue Mountain, commande du festival Ultima, Eivind Buene, afin de reconnaĂźtre le contexte orchestral de la piĂšce, choisit le genre du mĂ©lodrame, originĂ© au XVIIIe siĂšcle, oĂč un texte parlĂ© est accompagnĂ© par un orchestre : en l’occurrence, les deux acteurs, chargĂ©s de la reconnaissance du contexte orchestral, Ă©changent sur la musique qui est jouĂ©e.

Eivind Buene a travaillĂ© avec, notamment, l’Ensemble Musikfabrik, le Berlin Philharmoniker, l’Ensemble Intercontemporain et London Sinfonietta et ses Ɠuvres ont Ă©tĂ© jouĂ©es aux Donaueschinger Musiktage, au Centre Pompidou, Ă  Carnegie Hall ainsi que dans de nombreux festivals internationaux : Ultima, Bergen International Festival, Wittener Tage fĂŒr Neue Kammermusik ou encore Eclat.

© Ircam-Centre Pompidou, 2023

sources

Eivind Buene, New Music for Strings, Wise Music Classical



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