Issu d’une famille suisse protestante, Honegger fait ses études musicales aux Conservatoires de Zurich et de Paris. Widor l’initie à la composition, Vincent d’Indy à l’orchestration. Il est également en contact avec les jeunes compositeurs, notamment Poulenc et Milhaud, qui constitueront ultérieurement le Groupe des Six. Mais, davantage qu’eux et à la grande déception de Cocteau, il reste attaché aux maîtres de la tradition classique et romantique (Beethoven, Wagner, Strauss, Reger) et surtout à J.-S. Bach. La forme du choral revient régulièrement dans son oeuvre, et il aurait souhaité couronner sa carrière avec une Passion. Le psaume dramatique Le Roi David (1921) est le premier succès du compositeur qui renoue avec la grande forme de l’oratorio biblique abandonnée depuis Haendel et Haydn. Renouvelant l’expression théâtrale par une fusion de la musique, de la parole et de l’action, Honegger produit une série d’oeuvres religieuses ou profanes impressionnantes : Judith (1925), Phaedre (1926), Antigone (1928) et surtout Jeanne au bûcher (1935) et La Danse des morts (1938), en collaboration avec Paul Claudel. Les symphonies, au nombre de cinq, témoignent d’une grande richesse orchestrale. Mais Honegger aborde bien d’autres genres dramatiques et musicaux, avec le même bonheur : l’opérette, avec Le Roi Pausole et Les Petites Cardinal. Au début de sa carrière, ses trois «mouvements symphoniques» Pacific 231, Rugby et Mouvement symphonique n°3 formeront un triptyque caractéristique de son intérêt pour les mutations technologiques de son temps, dont les arts plastiques se feront aussi les témoins, et qu’il traduit, pour sa part, dans des ensembles orchestraux puissants, physiques, auxquels son harmonie chromatique confère une force exceptionnelle. Aussi éloigné des esthètes (Cocteau, Satie) qui pratiquent «le culte de la foire et du music-hall», que de «l’art d’abstraction» d’un Schoenberg, Honegger recherche une musique accessible à l’homme de la rue, tout en intéressant le musicien.