Franco Donatoni (1927-2000)

Etwas ruhiger im Ausdruck (1967)

pour cinq instruments

  • Informations générales
    • Date de composition : 1967
    • Durée : 12 mn
    • Éditeur : Suvini Zerboni, Milan, nº 6711
    • Commande : La Deutsche Bibliothek de Rome
    • Dédicace : à Michael Marschall
Effectif détaillé
  • flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano

Information sur la création

  • Date : 1 février 1968
    Lieu :

    Italie, Rome, Goethe Institut


    Interprètes :

    l'Ensemble Complesso Colloquium Musicale, direction : Werner Heider.

Note de programme

« Toutes les transformations qui reviennent sur elles-mêmes ne reviennent jamais exactement au point de départ. C’est l’idée qui sous-tend Etwas ruhiger im Ausdruck […]. L’idée était de reconstruire l’image initiale du matériau schoenbergien dont est issue la composition. À travers des sélections, des polarisations, des temporalisations différentes, des applications plus ou moins rigoureuses de codes, l’image originale est subtilement et progressivement lue, et dans ces déplacements, cette image parcourt une orbite qui, à travers des angles d’incidence légèrement différents, s’éloigne du cercle et finit par ne jamais revenir dans le même lieu. »

Franco Donatoni, entretien avec Enzo Restagno

« Il s’agissait ici d’avoir un matériau assez neutre, historiquement déterminé, mais étranger à la pratique moderne, et donc résistant, presque contraire, aux habitudes de l’artisan, un matériau qui violât les possibilités de contrôle, de vérification fondées sur le jugement du résultat, dans le but de mener des recherches sur des méthodes de contrôle à leur tour étrangères à toute prédétermination historique et stylistique, et dans le même temps, de maintenir le contrôle dans les limites de la correction ludique de ses actes pour en extraire toute référence illusoire à une possible spontanéité. Le choix se porta sur la huitième mesure – en se limitant aux trois premiers temps – du second mouvement des Fünf Klavierstücke op. 23 de Schoenberg.
Pourquoi ? On éprouve toujours une extrême difficulté, peut-être à cause de la dynamique pp, ppp et pppp, à comprendre ce qui se passe précisément dans ce passage. À l’écoute, bien sûr. Il y a quelque chose d’insaisissable, dans ces quelques notes, quelque chose qui échappe à ce qui doit se passer et invite, presque, à rechercher ce qui peut se passer.
La transposition fragmentée de ce mince texte et la disposition des fragments à distance importante l’un de l’autre, sont la marque des premières opérations.
Il est maintenant impossible de parcourir à nouveau les mêmes itinéraires, de refaire les mêmes gestes, on peut seulement en retracer les signes, ce qui est bien autre chose. Il y a quelque chose de profondément humiliant dans tout cela – d’humiliant en soi –, dans le fait de décrire un geste plutôt que de le faire, et plus encore de le montrer plutôt que d’en observer
le mouvement en solitaire. […]
Toute la composition s’articule en quatre épisodes :
a) multiplication de la matière initiale fragmentée, transposée et répartie dans le temps et extraction de la dimension monodique implicite à tout agglomérat par la disposition séquentielle de l’événement synchronique, disposition principalement mise en évidence par la diminution des valeurs […] [mesures 1-60] ;
b) explicitation du phénomène décrit comme une augmentation graduelle et progressive par accumulation et condensation [mesures 61-100] […] ;
c) explicitation du phénomène que l’on peut définir comme une diminution, ou une réduction, graduelle et progressive par dispersion et raréfaction [mesures 101-145] ;
d) tentative, non réussie, de reconstruction du matériau initial, avec pour finalité précise de réintégrer le texte schoenbergien [mesures 146- 166] : la conclusion doit se comprendre comme une interruption arbitraire de la tentative qui a expérimentalement échoué. »

Franco Donatoni, Ça, Adelphi Edizioni, 1970
Traduction : Laurent Feneyrou, Aedam Musicae, 2022

Note de programme du concert du 19 octobre 2023 à l'Espace de projection, à l'Ircam.

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