Thomas Désy (1967)

Pssschtt, opéra blanc (2000)

pour deux sopranos

  • Informations générales
    • Date de composition : 2000
    • Durée : 15 mn
    • Éditeur : Inédit
    • Commande : Ministère de la Culture pour la Fondation Royaumont
  • Genre

Information sur la création

  • Lieu :

    9 septembre 2000, festival Voix Nouvelles, abbaye de Royaumont, France


    Interprètes :

    Neue Vicalsolisten Stuttgart: Angelika Luz, Susanne Leitz-Lorey (sopranos)

Note de programme

L'œuvre du compositeur Thomas Désy met en scène deux femmes autour d'instruments primitifs, le diapason et la conga. Après une courte introduction en coulisse où les femmes, invisibles, font entendre une série de cris soigneusement défini par l'auteur — « le cri de la folie sans mot », « le cri de la souffrance psychique », « le cri du trop-plein de sentiment », « le cri de l'attaquant », « le cri comme exercice vocal », la pièce s'organise autour de ces deux personnages féminins qui tour à tour s'affrontent, dialoguent devant le spectateur dans une langue composée de cris, et de syllabes volontairemet non articulées, créant ici un langage étrangement mécanique, essentiellement perceptible dans la mise en scène de l'élément sonore et dans le geste qui accompagne sa production. Les sons produits s'articulent autour de trois éléments : l'écho, l'appel au secours et l'exercice vocal, que les chanteuses produisent à l'aide d'un « Flußdiagramm ». A l'origine du projet, l'ouvrage de Louis Calaferte La Mécanique des femmes, dont le texte ici n'a servi que de matériau de base à une distorsion et à un étirement de la langue jusqu'à sa disparition, renforçant l'aspect scénique et théâtral de la pièce. On est très proche d'un théâtre musical fondé sur la mise en scène du son en tant que pur produit sonore. Ne ressortent du texte initial que deux mots : « animal blessé ». La femme est ici prisonnière d'une mécanique de la langue. On comprend alors la portée de la pièce, le cri étant définit comme une psychopathologie de la vie quotidienne. L'œuvre se termine par un mime sonore de différents « cris » représentés auparavant par les arts visuels : Le cri d'Edvard Munch, le cri peint par Francis Bacon dans Etude d'après le portrait du Pape Innocent X par Velazquez, le cri de la nurse dans Le Cuirassé Potemkine de Sergei Eisenstein, pour finalement faire entendre hors-scène l'émission de cris, à nouveau pur phénomènes musicaux.

Sophie Cwikla, programme du concert de la création, festival « Voix Nouvelles 2000 », abbaye de Royaumont