Mauro Lanza (1975)

The 1987 Max Headroom Broadcast Incident (2017)

pour quatuor à cordes augmenté

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 2017
    • Durée : 11 mn
    • Éditeur : Ricordi
    • Commande : Ircam-Centre Pompidou, ProQuartet-Centre européen de la musique de chambre, festival Automne de Varsovie, Milano Musica.
    • Dédicace : Fausto Romitelli
Effectif détaillé
  • violon, violon II, alto, violoncelle

Information sur la création

  • Date : 15 mai 2017
    Lieu :

    France, Marseille, festival Les Musiques, la Friche La Belle de Mai, Grand Plateau


    Interprètes :

    le Quatuor Diotima.

Information sur l'électronique
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Manuel Poletti (Ircam) (instruments augmentés)

Observations

Écouter l’enregistrement du concert ManiFeste du 7 juin 2017 au Centre Georges Pompidou : https://medias.ircam.fr/x5fe6c6

Présentation de la pièce à lire sur le site de l’Ircam.

Note de programme

Au soir du 22 novembre 1987, à Chicago, Illinois (États-Unis), eut lieu ce qui demeure sans doute l’un des plus fameux et certainement l’un des plus longs piratages des ondes hertziennes : l’incident « Max Headroom ». Des pirates des ondes, dont l’identité n’a jamais pu être déterminée, sont parvenus à interrompre la diffusion des programmes de la chaîne WTTW (une chaîne publique locale) pour diffuser leur propre contenu.
Ce contenu pirate, d’une durée interminable de 90 secondes, présentait un individu déguisé en Max Headroom (le personnage généré par ordinateur de la série télé éponyme : une série de science-fiction assez populaire dans les années 1980, qui se passe dans un futur dystopique proche dominé par la télévision et les multinationales). Aux alentours de 23h15, un épisode de la série télé britannique Doctor Who fut brutalement interrompu par une image parasitée, suivie immédiatement par l’apparition d’un homme non-identifié, portant un masque de Max Headroom et des lunettes de soleil. L’homme se mit alors à marmonner, crier et rire, énonçant diverses phrases sans queue ni tête (le son était très distordu et bruité), parmi lesquelles un slogan de 1986 pour le « New Coke », « Catch the Wave » (Attrape la vague), tout en brandissant vers l’objectif une canette de Pepsi (Max Headroom faisait alors la publicité de Coca-Cola). Jetant la canette, il tendit ensuite à la caméra un doigt d’honneur, prolongé par une extension de plastique, chanta un extrait de I’m losing you (un succès du label Motown de 1966, enregistré par le groupe The Temptations), fredonna la mélodie de Clutch Cargo (une série télé d’animation rudimentaire des années 1960), gémit douloureusement en se plaignant de ses hémorroïdes, péta, mit et enleva un gant géant (similaire à celui que portait Michael Jackson à l’époque). Il exhiba alors en partie ses fesses, hurlant « Ils sont à mes trousses ! », tandis qu’une complice elle aussi non identifiée, portant une livrée de femme de chambre, le fessait avec une tapette à mouche. Le signal vira alors au noir pendant quelques secondes avant que ne reprenne le cours de l’épisode de Doctor Who.

The 1987 Max Headroom Broadcast Incident est une pièce pour quatuor à cordes augmenté par des transducteurs et diverses préparations. Les traitements numériques des instruments s’inspirent en grande partie des techniques de modulation qui étaient – et sont encore – d’un usage courant pour la diffusion de la radio et de la télévision. Hommage à des technologies aujourd’hui obsolètes, ou qui le seront très bientôt, en même temps qu’à cette vision d’un futur sombre, dominée par les médias de masse, qu’esquissait la série Max Headroom suivant la culture cyberpunk des années 1980, The 1987 Max Headroom Broadcast Incident est dédiée à la mémoire de Fausto Romitelli.


Mauro Lanza.
Note de programme du concert du 7 juin 2017 au Centre Pompidou dans le cadre du festival ManiFeste.

Documents