Mauro Lanza (1975)

Regnum lapideum (2016)

pour ensemble et dispositifs électromécaniques

œuvre électronique

  • Informations générales
    • Date de composition : 2016
    • Durée : 22 mn
    • Cycle : Systema naturae
    • Commande : Ensemble 2e2m
Effectif détaillé
  • flûte (aussi flûte basse, flûte piccolo), saxophone alto (aussi saxophone baryton), percussionniste, piano (aussi appeaux), guitare, alto, violoncelle

Information sur la création

  • Date : 29 avril 2016
    Lieu :

    France, Paris, Auditorium Marcel Landowski


    Interprètes :

    l'Ensemble 2e2m ; Pierre Roullier, direction.

Observations

Co-composée avec Andrea Valle.

Titres des parties

I. Aligurius
II. Gagalida
III. Echelechelena
IV. Matestontes
V. Anionidia
VI. Eliteralates
VII. Elenion
VIII. Chrisopiris
IX. Iactipia
X. Caracon
XI. Gerilidon
XII. Alatia

Note de programme

Regnum lapideum est le troisième volet du cycle Systema naturæ et suit le modèle des deux précédents, Regnum animale et vegetabile, pour approfondir notre réflexion commune au sujet de la nature et de sa conceptualisation.

Tout comme dans les deux précédentes pièces, deux références fondent Regnum lapideum. La première est la tradition médiévale des lapidaria (lapidaires), conçus comme des catalogues disparates de pierres hétéroclites, parmi lesquelles on peut établir un réseau de relations variées. La seconde est la taxonomie, c’est-à-dire la description systématique d’objets et êtres naturels qui remonte au Systema Naturæ de Carl von Linné, en tant que tentative rationaliste d’ordonnancer l’aspect polymorphe (et, bien souvent, tératomorphe, i.e. monstrueux) de la nature. Regnum lapideum s’inspire de la définition archaïque et préscientifique du troisième « règne », aux côtés du règne animal et du règne végétal : le règne minéral. Suivant l’organisation classique en trois règnes, Linné incluait originellement les pierres à son système, avant de les écarter pour limiter son approche taxonomique aux êtres vivants. En conséquence de quoi, Regnum lapideum fait principalement référence aux collections de pierres assorties de leurs éventuelles propriétés magiques ou alchimiques héritées des lapidaria (lapidaires) médiévaux. À la différence des Regnum animale et vegetabile, la soi-disant « nomenclature binomiale » empruntée à Linné (qui identifie un être vivant en indiquant à la fois son genus [nom générique ou genre] et son species [épithète spécifique, qui distingue au sein du genre]) ne peut s’appliquer aux pierres. Dans Regnum lapideum, les titres de chaque numéro sont donc générés en s’appuyant sur le poème De Lapidibus de Marbodus Rhendonensis (Marbode de Rennes [v.1040 - v.1123]).

Comme dans les autres pièces du cycle, l’hétérogénéité du lapidaire est à l’origine à la fois du dispositif et de l’ordonnancement imaginés pour Regnum lapideum. Le dispositif fait dialoguer des instruments acoustiques traditionnels et une collection d’instruments électromécaniques pilotés par ordinateur, qui, dans le cas présent, se focalise sur des sources sonores de cordes ou de percussions.

Quant à l’ordonnancement, le modèle général est bien sûr, là encore, le catalogue : Regnum lapideum se présente donc sous la forme d’une série de courtes pièces, chacune dédiée à une pierre imaginaire. Ainsi l’œuvre devient-elle également le troisième chapitre d’un compte rendu systématique des éléments naturels trouvés sur une terra incognita.

Mauro Lanza et Andrea Valle, note de programme du concert du 20 février 2019 au Centre Georges Pompidou

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